Atelier du Coin : J-3 avant la dissolution ?

L’association Arc-en-Ciel, à la tête de l’Atelier du Coin, tiendra ce mercredi 25 septembre une Assemblée Générale Extraordinaire. Suivant les votes de ses adhérents, l’association pourrait bien être dissoute à cette occasion, et l’Atelier du Coin avec elle. Comment cet acteur local, engagé depuis plus de 30 ans dans l’insertion socio-professionnelle, a-t-il pu en arriver là ? Et surtout, peut-on encore le sauver, ou est-il déjà trop tard ?

Une vue de l’atelier

Fondée en 1991 à Montceau-les-Mines, l’association Arc-en-Ciel est porteuse depuis 2008 d’un Atelier Chantier d’Insertion : l’Atelier du Coin. Celui-ci emploie aujourd’hui 5 salariés permanents (encadrants techniques, accompagnants socio-professionnel) et une vingtaine de salariés en insertion. Pour ces derniers, l’Atelier du Coin est une porte d’entrée vers le monde du travail , une façon de recréer du lien social et de reprendre confiance en leur capacités à exercer un emploi.

L’Atelier du Coin fabrique et vend une large gamme de produits artisanaux : imprimés, gravures, papeterie, meubles en bois, céramiques…Le chantier organise également des ateliers de pratique artisanale et des expositions. La réponse aux marchés publics (par exemple, la préparation des ouvrages de la Bibliothèque de Saône-et-Loire pour leur mise en rayon) permet à l’Atelier de compléter son modèle économique.

Accompagnant chaque année une vingtaine de personnes vers l’emploi, l’Atelier du Coin a une utilité à la fois sociale, artistique, culturelle et touristique. Mais cette structure historique, emblématique de Montceau-les-Mines, est aujourd’hui menacée par son équilibre financier précaire. Un des éléments à l’origine de cette fragilité : la revente du local de l’Atelier du Coin à un bailleur privé. Le loyer et les charges locatives ont depuis grimpé en flèche, et pèsent lourdement sur le budget de l’association, malgré les aides financières ponctuelles de la Communauté Urbaine, et l’appui des organismes de tutelle que sont l’État et le conseil départemental.

Les salariés ont pourtant mis les bouchées doubles pour garder la tête hors de l’eau : le chiffre d’affaires de l’Atelier du Coin a été multiplié par 5 entre 2016 et 2021, pour se stabiliser à 100 000 euros par an. Une bonne volonté manifeste, qui s’est heurté à un double mur particulièrement pernicieux : en interne, le manque de dialogue entre le bureau de l’association et les employés de l’Atelier ; en externe, le projet de Recyclerie porté par la CUCM.

3 millions d’euros ont été investis dans ce “nouveau temple de l’économie circulaire” (les Echos, janvier 2023), où des objets abîmés seront collectés, réparés et revendus. Six emplois en insertion doivent être créés dans ce cadre (le JSL, juin 2024). Un objectif noble, mais une mise en place difficile, et au final une forme de mise en concurrence des structures d’insertion, le nombre d’emplois en insertion étant limité à l’échelle du département.

Début juillet, l’association Arc-en-Ciel reçoit de la DDETS (la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités, avec qui l’Atelier du Coin est conventionné) une lettre glaçante. Ce service de l’Etat suggère à l’association sa “solution” : auto-liquidation d’Arc-en-Ciel au 31 décembre, départ des CDD et licenciement économique des CDI, reprise des salariés en insertion par le dispositif SAS insertion de la Régie de Territoire CUCM Nord, et transfert de la “marque” Atelier du Coin à la Recyclerie de la CUCM pour l’atelier menuiserie.

Exit la structure associative historique, place au nouveau projet rutilant. Pour le bureau démissionnaire de l’association, qui souhaitait se retirer dès que possible, cette perspective est peut-être un soulagement. Mais pour les salariés et le conseil d’administration, c’est la douche froide. Les difficultés que rencontre l’association en matière de financement et de gouvernance sont réelles, mais pas insurmontables. Encore faut-il un bureau à l’écoute, et des pouvoirs publics engagés.

La suite de l’histoire s’écrira ce mercredi 25 septembre, à 17h30, dans la salle de réunion du Centre Nautique de Montceau-les-Mines. Creusot-Montceau en Transition invite tous ceux qui le souhaitent à adhérer à l’association Arc-en-Ciel, et à faire venir entendre leur voix à cette occasion.

Pause Transition – Rdv tous les lundis soirs

CMT lance les Pauses Transition pour échanger autour de thèmes qui nous semblent importants. Pas de conférence ou de table ronde, il s’agit d’un espace de discussion où chacun est invité à partager son expérience, donner son avis, écouter les autres.

Parfois un thème est proposé (voir l’évènement sur le forum). C’est un point de départ, le début du voyage. Laissons-nous ensuite porter par nos échanges pour explorer d’autres horizons, mettre le doigt sur nos angles morts, confronter nos points de vue. Et si vous souhaitez simplement découvrir les activités de Creusot Montceau en Transition, ce créneau est aussi fait pour ça !

Nous vous donnons rendez-vous tous les lundis soirs à Pause Café (7 rue du Maréchal Leclerc, Le Creusot) à partir de 19h30. N’hésitez pas à apporter quelque chose à grignoter à partager 🙂

Changer la donne par nos données ?

Communiqué de presse diffusé à l’occasion du Cyber World Cleanup Day

Creusot-Montceau en Transition rappelle que nous nous dirigeons vers des bouleversements de grande ampleur qui vont impacter tous les domaines de notre vie : du dérèglement climatique à l’effondrement de la biodiversité, en passant par les pénuries de ressources. Notre objectif est d’anticiper ces bouleversements en agissant à une échelle pertinente : entre l’initiative individuelle des « petits gestes », nécessaire mais insuffisante au vu des enjeux, et le niveau étatique qui nous échappe largement, nous promouvons l’action collective et citoyenne, à l’échelle de notre territoire.

Le numérique est devenu un élément central de nos vies et de notre économie, et sa croissance ne semble pas encore subir le ralentissement amorcé dans tous les secteurs. Il nous appartient donc de le planifier de manière enthousiaste et volontaire : pour minimiser son impact environnemental d’une part, mais surtout pour anticiper la déplétion inexorable des ressources minières et énergétiques. En somme, dimensionner notre appétit à la taille de l’assiette.

Cette nécessité justifie notre participation à l’initiative du Cyber World Clean Up Day, et nous approuvons la Charte promue par l’Institut du Numérique Responsable, partenaire de l’événement.

Cependant, nous tenons à rester vigilants à ce que l’action soit véritablement significative.

L’édition 2020 mettait l’accent sur la suppression de données personnelles, stockées localement. Cela nous semble discutable, pour plusieurs raisons :

  • Tout d’abord, la suppression de données ne joue que très marginalement dans l’impact sur les ressources. Rappelons que pour un smartphone, 90% de l’énergie (et 100% des ressources physiques) sont consommés pendant sa production, et que ces objets ne sont pratiquement pas recyclés – ni même recyclables.
  • Ensuite, le focus sur les données locales tend à faire oublier qu’une donnée stockée à distance pèse beaucoup plus lourd en infrastructure et en énergie que la même donnée stockée chez soi : en effet, cela nécessite sa réplication sur plusieurs serveurs, qui doivent restés alimentés pour garantir son accessibilité, et il faut maintenir une infrastructure réseau pour qu’elle puisse transiter. Ainsi, à titre d’exemple, supprimer ses fichiers de musique pour les écouter en streaming est tout à fait contre-productif.
    L’année dernière, le Clean Up Day a permis de supprimer un total de 22 To de données (1 To (Teraoctet) = 1000 Go (Gigaoctet) = 1 000 000 Mo (Megaoctet)). En comparaison, Facebook en génère 4000 To5… chaque jour ! Et ce sont 720 000 heures de vidéos qui sont ajoutées quotidiennement sur YouTube
    Gardons donc à l’esprit que les flux de données explosent, bien au-delà de l’accumulation de données locales (Le seul fonctionnement des data centers et de l’infrastructure réseau représentaient déjà 35% du total de la consommation énergétique associée au numérique en 2017). Cette hausse promet de dépasser toute mesure avec la multiplication des objets connectés et le déploiement de technologies telles que la 5G.
  • Enfin, l’initiative World Clean Up Day convoque l’imaginaire du « grand débarras » que l’on peut faire chez soi pour se délester de vieux objets encombrants. Or la croissance exponentielle des capacités numériques induit la nécessité de faire l’inverse : les vieux fichiers ne pèsent rien en comparaison des images ou vidéos que nous produisons et manipulons aujourd’hui. Une minute de vidéo 4K par un smartphone récent prend 100 fois plus de place qu’une photo standard ! Et là encore l’augmentation des capacités de transfert incite à la partager largement et dédouane l’utilisateur de toute mesure.

Ainsi, cette opération trouve toute sa pertinence à nos yeux si elle nous amène à modifier concrètement nos pratiques numériques, afin de les rendre plus sobres. C’est ce que notre Groupe d’Utilisateurs de Logiciels libres (Point de BasGUL) s’emploie à faire.
L’usage de logiciels libres favorise en effet le réemploi et prolonge la durée de vie du matériel en installant des systèmes peu gourmands en ressources : un système Linux est capable de fonctionner sur des machines de plus de 10 ans !
Ces logiciels sont créés par et pour les utilisateurs : leurs fonctionnalités sont donc adaptées aux besoins, facilement ajustables et interopérables.
Nous contribuons donc à l’appropriation de ces outils par tout un chacun, permettant aux citoyens de monter en compétence et de mieux appréhender les enjeux liés au numérique.
Nous œuvrons encore à une décentralisation et une relocalisation des services numériques : notre site web et notre plateforme vidéo sont hébergés sur de vieux ordinateurs chez des adhérents. Comme pour l’agriculture, ce numérique en circuit courts enclenche des cercles vertueux en redonnant du pouvoir et du contrôle au consommateur. On réduit alors le gaspillage en comprenant que la « dématérialisation » n’est qu’une illusion.

Au delà du Cyber World Clean Up Day, nous plaidons donc pour une démarche globale, débouchant sur des changements significatifs dans notre rapport au numérique : encourageons la sobriété matérielle (terminaux moins nombreux et moins puissants), augmentons les durées de vie (en favorisant des appareils moins complexes, une sobriété logicielle, et le réemploi), raisonnons nos usages (en questionnant leur pertinence, en ajustant nos pratiques), montons en compétence, relocalisons nos services, libérons notre créativité ! Sur chacun de ces points, vous pouvez compter sur Creusot-Montceau en transition, et sur son émanation Point de BasGUL !


Voir aussi : The Shift Project, Lean ICT – Pour une sobriété numérique, 2018